Dormir dans un temple à Koyasan

[recyclage d’un article paru en août 2008 sur Robots Géants & Nouilles Instantanées – certaines informations sont peut-être périmées]

Certains temples bouddhistes japonais offrent des prestations d’hébergement. Cette pratique s’appelle shukubo. C’est une pratique ancienne ; à l’origine elle s’adressait surtout aux moines ; à l’époque d’Edo elle s’est ouverte aux pélerins, et aux samurai en déplacement, qui logeaient ainsi dans les temples des endroits où ils se rendaient. Aujourd’hui, le shukubo est également accessible aux touristes, sans qu’il n’y ait besoin de se faire moine ou de suivre le code d’honneur des samurai.

Le shukubo existe dans plusieurs villes japonaises, mais celle où on trouve la plus forte concentration de temples proposant ce service est certainement Koyasan, une petite ville de 3000 habitants – dont 700 moines – installée sur la montagne du même nom, au sud d’Osaka. Koyasan est à l’origine (et toujours aujourd’hui d’ailleurs) un complexe de temples bouddhistes ; la ville compte ainsi plusieurs dizaines de temples bouddhistes et un impressionnant cimetière, Okuno-in, dans lequel on trouve aussi bien des tombes de samurai recouvertes par la mousse accumulée au fil des siècles que des sépultures surprenantes en forme de fusée ou de tasse de café (!).

Etant donné que Koyasan se trouve à 3-4 heures de Kyoto et 2-3 heures d’Osaka, il est difficile de voir les principaux points d’intérêt en une journée (même si ça reste faisable en partant très tôt et en s’organisant bien). Par conséquent, passer une nuit sur place dans un temple permet de visiter plus tranquillement, pour repartir le lendemain. Et c’est surtout l’occasion de voir un temple de l’intérieur, d’approcher des moines, d’assister à une séance de méditation bouddhiste et (pour ceux qui aiment) de manger un repas « shôjin-ryôri » (cuisine végétarienne traditionnelle pratiquée par les moines de Koyasan).

Konpon Daito - Koyasan

Choisir un temple et réserver

Il y a environ 50 temples à Koyasan qui pratiquent le Shukubo. Le site officiel qui les référence ne donne pas énormément de détails (voir la liste).

D’après les informations que j’ai obtenues en lisant différents articles sur le sujet, les prix sont sensiblement les mêmes d’un temple à l’autre. Le choix peut donc se baser sur la localisation (le plan de Koyasan [télécharger le plan au format PDF] permet de voir où se situent les différents temples) ou sur les avis de précédents visiteurs, mais c’est moins facile à trouver que pour des hôtels en ville (exemple : sur Tripadvisor.fr, seuls 3 temples sont référencés, et seuls 2 comportent des avis). La possibilité pour les visiteurs d’assister aux cérémonies religieuses bouddhistes peut aussi être un critère de choix ; d’après ce que j’ai lu, tous les temples ne le font pas.

Dans notre cas, nous avions choisi le temple Eko-in, qui permet aux visiteurs d’assister et participer à la méditation et à la cérémonie du feu et qui est bien placé pour visiter le cimetière Okunoin. Une personne qui avait déjà logé à Ekoin et en avait parlé sur son blog m’a communiqué l’adresse email du temple, ce qui m’a permis de réserver par mail. Désormais il est possible de réserver directement sur Internet et c’est bien plus simple qu’il y a 10 ans.

La réservation par mail en direct avec les moines d’Ekoin s’est faite très simplement et très rapidement (réponse dans les 24h suivant mon premier message), en anglais.

Le tarif est calculé par personne et non par chambre. Eko-in propose trois tarifs, qui différent suivant le type de repas souhaité : 10000, 12000 et 15000 yens par personne (soit respectivement, au taux de change du 08/08/O8 : 60, 72 et 91€). Le tarif par personne est fixe, quel que soit le nombre de personnes.

La chambre et le temple en général

La chambre que nous avions pour 2 était spacieuse (10 tatamis soit 16,2 m²), avec vue sur un jardin intérieur. Les chambres sont dans le pur style traditionnel japonais : peu de mobilier (une petite table, deux coussins sur le sol), tatami sur le sol, portes coulissantes… Dans un recoin, on trouve quand même des objets du monde moderne : une télévision, un téléphone, un ventilateur (il n’y pas de climatisation mais ce n’est pas nécessaire car il fait moins chaud dans la montagne qu’en ville), des prises électriques, une lampe torche. Les futons pour dormir sont apportés par un moine après le repas.

Les toilettes et des lavabos se trouvent dans le couloir, à plusieurs endroits du temple (la partie du temple utilisée pour accueillir les visiteurs nous a paru assez étendue). Par contre il n’y a pas de douche ou de bain à proximité ; la salle de bain se trouve près de l’entrée du temple, assez loin des chambres. Ayant lu dans les guides qu’il s’agit de bains communs et n’ayant pas spécialement envie de nous dénuder en public, nous n’avons pas testé la salle de bains.

Il y a plusieurs horaires à respecter lorsqu’on loge dans le temple : le repas du soir est servi à 17h30 (!), la porte principale du temple ferme à 23h00 (de toutes façons il n’y pas grand chose à faire à Koyasan à des heures aussi tardives), la méditation matinale est à 6h30 et le petit déjeuner à 7h30. Le jour du départ, la chambre doit être libérée à 10h.

Le repas

La cuisine « shôjin-ryôri » est très particulière. C’est très bien réalisé, la présentation est très soignée, en ce qui nous concerne, seuls les végétariens du groupe ont aimé. En effet, les moines sont végétariens et cuisinent uniquement des produits de saisons avec simplicité. Si vous n’êtes pas sûrs d’aimer et que le temple où vous réservez offre plusieurs formules (comme Ekoin), je vous conseille de prendre la formule avec le repas le moins cher.

Se rendre à Koyasan

Une ligne de train exploitée par la compagnie Nankai dessert la gare de Koyasan (voir le site Nankai dédié à Koyasan). Cette ligne part de la gare de Namba, à Osaka. Au départ d’Osaka, il suffit donc de se rendre dans cette gare (attention il y a en fait 3 gares à Namba, la gare JR, la gare Nankai, et une 3ème compagnie dont j’ai oublié le nom – il faut bien 10-15 minutes à pied dans les galeries souterraines – aménagées en centre commercial – pour aller de la gare JR à la gare Nankai).

Le voyage en train permet de découvrir les paysages de montagnes du Japon, et d’observer la transition progressive depuis Osaka (3ème ville du Japon) jusqu’à la petite ville de Koyasan dans les montagnes recouvertes de forêts. Les gares dans lesquelles on s’arrête sont de plus en plus petites, les villes autour les gares sont de moins en moins étendues et ont de moins en moins d’immeubles, il y a de moins en moins de constructions et de plus en plus de forêts.

Village in the mountain

Mountains and forests and powerlines

Attention si votre train n’est pas direct (ils ne le sont pas tous), les gares comportent de moins en moins de panneaux en anglais au fur et à mesure qu’on s’éloigne d’Osaka. Renseignez-vous bien sur les changements et n’hésitez pas à demander au chef de gare, il ne parle pas forcément anglais mais un simple « Koyasan ? » et il vous indiquera quel train prendre.

Quelques modestes conseils pour le séjour dans le temple

  • évitez le week-end si vous le pouvez ; nous sommes arrivés à Koyasan un vendredi, il y avait très peu de monde dans le train et nous n’avons pas eu le sentiment qu’il y avait beaucoup de visiteurs. Par contre en repartant le samedi matin nous avons croisé les trains qui se rendaient à Koyasan ; ils étaient bondés de Japonais profitant du week-end pour aller à Koyasan.
  • si vous n’êtes pas sûr d’aimer la nourriture des moines, prévoyez quelques provisions pour un mini repas alternatif (sinon vous pouvez toujours vous rabattre sur les quelques magasins de Koyasan qui vendent des produits alimentaires ; par contre il n’y a pas de combini à Koyasan)
  • les moines qui s’occupent de l’accueil des visiteurs parlent un peu anglais (mais vraiment un peu) ; c’est suffisant pour vous amener à votre chambre, vous expliquer les règles et les horaires, mais c’est à peu près tout. A prendre en compte dans votre organisation.
  • si vous logez dans un temple qui permet aux visiteurs d’assister aux cérémonies religieuses du matin mais si vous ne souhaitez pas y assister (ce n’est pas obligatoire), pensez à le signaler explicitement aux moines qui vous accueillent. Par défaut, on considère que vous souhaitez y assister (du moins c’est le fonctionnement que nous avons observé à Ekoin).
  • les chauffeurs de bus de Koyasan ne parlent pas tous anglais ; renseignez-vous à la gare (il y a un centre d’information) pour savoir comment fonctionnent les bus, lequel prendre, où descendre, etc.

Quelques liens pour en savoir plus

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